L'Histoire du Sauternes
Deux histoires circulent sur la naissance des vins
de Sauternes. La première a lieu en 1836. Le
négociant bordelais Focke, d'origine allemande, aurait
attendu la fin de longues pluies automnales pour commencer les
vendanges en son Château. Une fois le soleil revenu, les
grappes se desséchèrent, la pourriture noble se
développa et le vin, liquoreux à souhait, fut une
réussite.
La seconde histoire en appelle aussi au hasard
providentiel. En 1847, le Marquis de Lur-Saluces, parti
chassé le loup
en Russie, est retardé. Or, il a donné l'ordre
d'attendre son retour pour vendanger. La pourriture noble fut alors
exceptionnelle et le vin prestigieux.
Sans nier ces deux anecdotes, les historiens
partent de données plus complexes. Ils nous apprennent
notamment que, dès la fin du XVIème
siècle, les marchands hollandais sont très
demandeurs de vins blancs. Ils y ajoutent du sucre, de l'alcool, des
sirops et y font macérer des plantes pour satisfaire leurs
clients des pays nordiques, gourmands de boissons sucrées.
Au XVIIème siècle, les Hollandais sont
très présents à Bordeaux et dans le
vignoble de Barsac qu'ils orientent vers des vins blancs doux
à sucre résiduel mais absolument
étrangers à la pourriture noble.
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Au début du XVIIIème
siècle, la zone viticole prédominante du
sauternais est parallèle à la Garonne, les
années 1770-1810 voient son extension vers
l’arrière-pays, celui des croupes de graves de
Bommes et Sauternes. Le rôle des familles Sauvage puis
Lur-Saluces, propriétaires d’Yquem, de St Cricq,
de Filhot et de Coutet, s’avère
prépondérant pour le choix des plantiers, des
cépages blancs et la pratique des tries sur une vendange
surmûrie. Jefferson, le futur président des
Etats-Unis ne s’y est pas trompé. De retour en
Amérique, il a commandé 85 caisses de 12
bouteilles dont du Sauternes. L’Intendant de Guyenne a
écrit dès 1741, qu’on les vendange
seulement “quand les raisins sont presque
pourris”... et qu’on fait ces vendanges
“à plusieurs reprises pour leur donner plus de
douceur”. C’est attester la présence de
la pourriture noble et de l’usage des tries.
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